il y a quelques temps, un tireur de mon club m'avait donné une corne à poudre fabriquée dans les années 70 ou 80. Elle sortait du grenier sinon de la cave. La corne se délitait en surface et présentait des tâches ou des décollements dans la profondeur de la matière, la base en bois était totalement vermoulue et les accessoires en laiton ( bélières et robinet ) étaient couverts de vert de gris.

J'ai donc tout démonté avant de poncer la surface de corne pour atteindre une couche saine, j'ai remplacé la base que j'ai munie d'un bouchon de remplissage provenant d'une bouteille de whisky, nettoyé le laiton et monté un bec doseur ( cont. 3 g ) sur le robinet à poussoir en soudant un morceau de douille sur l'embout fileté d'un vieux bec doseur qui traînait au fond d'un tiroir.
Seul bémol, le ressort du robinet est trop affaibli et le bouton poussoir ne ferme plus entièrement.

J'ai réalisé quelques gravures faisant référence à la guerre d'indépendance grecque ( 1821 - 1828 ) et au glorieux passé militaire grec.
La phrase en grecque "molôn labé"  se traduit en français : "venez les prendre". Il s'agirait d'une réplique célèbre du roi Léonidas Ier de Sparte lorsque les armées perses du roi Xerxès ont exigé des Grecs qu'ils déposent leurs armes lors de la bataille des Thermopyles.
La citation "Pour l'honneur, pour la gloire, pour servir" est tirée du film "300" de Zack Snyder qui illustre justement la bataille des Thermopyles.

.Plusieurs soldats français philhellènes dont certains anciens officiers napoléoniens, participèrent, à titre personnel et du côté à cette guerre d'indépendance, je citerai le général Fabvier, le capitaine de marine Olivier Voutier ( découvreur de la Vénus de Milo ), Maxime Raybaud, le commandant Maurice Persat ( qui acheta, libéra, mis enceinte et finalement épousa une esclave grecque dont l'histoire inspira à Dumas un personnage de son livre le comte de Monte Cristo ).

Bonjour à tous,
cette fois-ci le challenge consistait à transformer en une corne à poudre acceptable une vieille trompe de chasse en corne, tout droit sortie du grenier, poussiéreuse, la corne se délitant, tellement pourrie que pour rien au monde j'aurais soufflé dedans.
J'ai gratté la vieille corne pour atteindre une couche saine, rafraîchie la base en la raccourcissant et enlevé la capsule contenant la anche. L'orifice était bien trop gros et fendu. Je l'ai recouvert d'un bec verseur de ma conception, m'inspirant de l'image trouvée sur internet du bec verseur d'une corne à poudre d'époque. Il s'agit d'un raccord cuivre soudé à une section de tube de même matière, ceinturé d'un anneau en baguette de soudure partiellement ouvert. Il est fermé d'un bouchon doseur découpé dans une douille et muni d'un crochet qui se coince derrière l'anneau pour être maintenu en place.
Un léger relief est donné au col verseur, malheureusement la couche de corne saine était trop réduite et j'ai dû me limiter au strict nécessaire. Conséquence fâcheuse, le creux des sillons a commencé à se déliter lors de l'application de la teinte.
Le corps de la corne a été légèrement teint afin de le patiner.
Des supports cadre et des clous en laiton décorent le tout.
Elle contient une quarantaine de grammes et le doseur 1,5g.

Pas vraiment une réussite mais j'allais pas laisser perdre une corne et cela m'a permis de tester le système du bec doseur que je vais reprendre pour une autre corne.

Nous ne referons pas ici la biographie d'Anne Bonny, une célèbre femme pirate du début du XVIIIème siècle, dans le sillage de Barbe Bleue ou Rackham. Pour plus de renseignements, je vous renvoie à la série TV Black Sails ou plus prosaïquement à Wikipedia.
La gravure représentée sur la corne a été trouvée sur Wikimedia Commons. Elle est accompagnée du nom du personnage et de la mention "The Sea Hag" que l'on pourrait traduire par "La Vieille Sorcière des Mers.
La corne elle-même est l'extrémité d'une longue corne de highland cattle façonnée de la manière habituelle. Elle est agrémentée de clous en laiton.
Le bouchon en bambou, monté sur une cheville de bois, sert également de mesure à poudre d'une contenance de 1,5g.
La corne elle-même en contient 20g.
Un morceau de bois de chevreuil a été taillé en aiguille et attaché à la corne par un lien de cuir décoré de cinq perles de plastique blanc, censées être en os. Ce système permet de porter la corne à poudre suspendue en sautoir au travers d'une boutonnière d'habit.
Le bouchon est relié à la lanière de cuir par une longueur de tendon artificiel.
Les noeuds sont bien entendus des noeuds marins, en l'occurence un tour mort et deux demi-clefs.

J'avais utilisé la pointe d'une longue corne de highland cattle pour faire une corne d'amorçage. Je me suis servi de ce qui restait, une longueur encore appréciable, pour réaliser cette corne-ci. Le challenge était de créer un bec verseur à partir de rien.
Je me suis inspiré d'un système ancien où le bec verseur est couvert d'un doseur en forme de dé à coudre, retenu au bec par un sorte de dispositif à baïonnette.

https://i.servimg.com/u/f25/18/98/03/33/photo_26.jpg

Mon système est bien sûr moins élaboré, réalisé au moyen de tube de cuivre sanitaire, d'une douille de fusil de guerre ( GP 11 de 7,5mm pour fusil suisse schmidt rubin ), de l'extrémité d'une tringle à rideau et de baguette de soudure.
Les deux ouvertures de la corne sont fermées par des bouchons de bois. Dans le plus grand, j'ai fiché un vieux clou de charpentier avant de le teinter au brou de noix et le cirer.

Je voulais créer une corne en hommage à la femme et à son courage. Je me suis donc naturellement tourné vers les pionnières de l'ouest américain.
D'un côté, j'ai gravé le dessin d'une pionnière du XIXème siècle guidant son chariot le long de la piste de l'Oregon alors que les hommes sont en arrière-plan.
De l'autre, j'ai réalisé la gravured'une jeune femme au visage déterminée, habillée dans le style de l'époque et pointant un mousquet en direction d'une menace placée hors cadre.

En cherchant dans la bible, j'ai trouvé une citation du livre des Proverbes, chapitre 31 verset 25, qui s'appliquait merveilleusement à mes gravures.
Je l'ai écrite en anglais, de la version de la bible du roi Jacques, publié en 1611.
"Strenght and honour are her clothing, and she shall rejoice in time to come".
La traduction française du verset original faite par Louis Segond, théologien de la fin du XIXème siècle, donne ceci :
"Elle est vêtue de force et de gloire, et elle se rit de l'avenir".

J'ai offert cette corne à une jeune femme de ma famille à qui la citation seyait parfaitement, en particulier en raison de sa profession.